Qui Veut Être Mon Associé (QVEMA) : Les secrets d'une candidature réussie
Les conseils du coach officiel pour optimiser les chances d'être sélectionné dans l'émission.
Depuis 2019, j’ai coaché la moitié des candidats qui sont passés dans Qui Veut Être Mon Associé. Témoin privilégié de l’essor fulgurant de l’émission, j’ai retenu les bonnes pratiques et erreurs à éviter à toutes les étapes du processus. La première, bien postuler, est la plus fondamentale. Sans “casting”, pas de participation.
Dans cet article, je partage cette expérience avec toi, petit·e veinard·e, avec pour objectif principal d’expliquer le pourquoi du comment des questions posées dans le dossier de candidature. Je ne participe pas à la sélection des candidats, cette analyse est donc entièrement personnelle et n’engage en rien la production.

Quand postuler à QVEMA ?
En quatre saisons, Qui Veut Être Mon Associé (QVEMA pour les intimes) est devenue l’émission phare de l’entrepreneuriat en France. Regardée par près de 2 millions de téléspectateurs en moyenne, l’émission de M6 produite par Satisfaction Group—société détenue par l’ancien présentateur “vedette” Arthur, comme on disait dans les années 1990—a séduit les moins de 50 ans (22% de parts d’audience) et surtout les 25-34 ans avec 30% de parts d’audience.
La question “Est-ce que c’est le bon moment pour moi de participer à l’émission ?” revient souvent, je commence donc par elle.
Comme dans toute levée de fonds, le timing est important. Venir trop tôt, c’est entendre se faire dire “On n’a pas assez d’éléments pour décider, contacte-nous quand tu as avancé dans ton projet” par les investisseurs du jury. C’est d’ailleurs une réponse très courante dans le monde du Venture Capital (VC), le financement des startups. En général, c’est un refus poli.
Venir trop tard, surtout quand on a levé beaucoup d’argent avec des fonds VC et que la valorisation est déjà trop forte, c’est s’exposer également à un non. Comme ils l’ont mentionné à plusieurs reprises au long des saisons, les investisseurs de l’émission préfèrent entrer au capital quand la société est sur la rampe de lancement et qu’ils peuvent peser sur son développement en tant que personnes physiques.
Ceci étant.
S’il y a une chose que j’ai apprise depuis quatre saisons, c’est qu’il y a des exceptions. Mon conseil, c’est donc de candidater quand même, et tu verras bien ! Au pire, t’es pas pris·e cette année, et tu repostules l’année prochaine, comme l’a fait Rémy de Tonton Pierrot. Et même si tu passes et que tu te prends un râteau, c’est pas si grave.
De nombreux candidats qui n’ont pas levé se sont fait échos sur les réseaux sociaux du décollage de leur startup après la diffusion télé.
Comme je le répète à l’envi aux candidats avant leur passage en plateau : Pour moi, le meilleur passage c’est celui où les investisseurs disent “On n’a pas investi, mais on a passé un bon moment.”
J’écrirai bientôt un article sur ce qu’apporte l’émission même quand on ne lève pas (abonne-toi pour ne pas le rater !).
En revanche, voici une règle d’or à respecter : ne postule que si tu as un besoin d’argent et de conseils pour développer ton entreprise.
On n’est pas des perdreaux de l’année, on sait bien que certains postulent pour l’exposition médiatique. Avec le succès médiatique de Qui Veut Être Mon Associé, cette tendance a augmenté ces dernières deux saisons.
C’est pareil dans les autres formats, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Et même si certains passent entre les trous—on ne les nommera pas, hum hum—c’est rare de faire un bon passage TV quand au fond, on n’en a pas besoin (de fonds).
Le questionnaire de la saison 5 attaque d’ailleurs le sujet dès la première page : quel apport financier, quelle urgence, et pour quoi faire.
Ces préliminaires faits, passons au dossier de candidature. Je vais traiter trois grands thèmes : le pitch vidéo, les questions perso, les questions financières.
Le pitch vidéo, l’arme ultime à ne pas négliger
J’adore regarder la vidéo de présentation que les candidats doivent envoyer dans le cadre de leur candidature, pour préparer mes coachings. En trois petites minutes, j’arrive à comprendre ce que fait la startup, où elle en est, ce qu’elle cherche à faire, et surtout j’intuite les traits de personnalité de l’entrepreneur·se, élément fondamental de sa réussite.
J’imagine que c’est pareil pour l’équipe de casting, avec une dimension supplémentaire : est-ce que l’entrepreneur présentera bien à la TV ?
J’ai visionné des dizaines de vidéos de casting QVEMA depuis quatre saisons. Je n’ai vu que celles des candidats sélectionnés. Pour moi, celles qui marquent ont les caractéristiques suivantes :
Pêchues, elles donnent envie de rencontrer l’entrepreneur et d’en savoir plus
Une présentation claire du produit ou service , et avec une démo c’est mieux (si possible)
Bien expliquer d’où on vient, où on en est, et où on va
Aborder la demande de financement et ce qu’on cherche comme type de conseils
La production a écrit un guide vidéo très utile pour les candidats, à télécharger à la fin du dossier d’inscriptions en ligne.
J’espère un jour pouvoir partager mes vidéos de casting préférées. La palme d’or revient à What The Foc, le resto et livreur des meilleures focaccia du monde.
Exemple de pitch vidéo: Meet In Class (Saison 2)
En attendant, voici mes commentaires sur celle de Youssef Zakaria, le fondateur de Meet In Class, qui était passé sur la saison 2. Elle est sur YouTube, donc mon devoir de réserve ne s’applique pas.
Les bons points du pitch de Youssef :
Il explique bien l’histoire, le why comme dit Anthony (et Simon Sinek, surtout)
On comprend bien le besoin, qui est le client, et comment la solution fonctionne
L’analogie BlaBlaCar touche juste
Des chiffres prometteurs sur les élèves et les profs, car en tant que plateforme, il faut casser la problématique classique de la poule et de l’œuf
Youssef explique bien où ils en sont, pourquoi il faut lever, combien il a levé de fonds à date, et ce qu’il veut faire avec les sous demandés dans l’émission
Sur le fond, c’est top.
Sur la forme, cette vidéo prouve bien que ce n’est pas la peine de sortir le logiciel de montage ou de faire appel à une agence. Certaines des vidéos les plus impactantes que j’ai vues sont faites à la mano. Avec TikTok et Instagram, ces formats bruts et authentiques se sont imposés.
Ceci étant, travailler un chouille la “production value” ne fera pas de mal. Sans y passer des jours non plus ! L’essentiel est de bien travailler son message et de convaincre qu’on sera un bon candidat pour une émission TV : bonne articulation, énergie palpable, montrer qu’on a envie d’être là aussi.
“Utilisez des termes grand public. Il faut qu’un enfant de huit ans puisse comprendre ce que vous proposez. Ne vous travestissez pas, soyez authentique.”
— Anthony Bourbon, Investisseur QVEMA
Pour des conseils plus précis sur le pitch investisseur, je recommande la courte vidéo d’Anthony Bourbon sur TikTok.
Si t’es motivé·e et que tu veux aller plus loin (et que tu lis l’anglais), mon article sur le pitch deck, la présentation écrite, te permettra de bien comprendre ce que cherche un investisseur dans un dossier de financement.
Les questions personnelles : Là où tout se joue
Chaque année, je suis sur X les commentaires des téléspectateurs pendant l’émission. Si certains sont vachards, la plupart sont bienveillants et amusants. C’est également une bonne manière de jauger la connaissance qu’a le grand public de l’entrepreneuriat et de la levée de fonds.
Lors d’une récente émission, j’ai lu un commentaire qui m’a surpris. Le téléspectateur s’interrogeait sur la pertinence des nombreuses questions d’ordre personnel posées par les investisseurs : “Tu as fais quoi avant ?”, “Pourquoi tu t’es lancé·e dans cette aventure ?”, “Comment vous vous êtes rencontrés entre fondateurs ?”, parmi d’autres.
Ces questions sont fondamentales et, à bien des égards, ce sont les seules qui comptent. Je m’explique.
Les investisseurs de l’émission prennent une décision d’y aller ou pas sur la base d’un échange d’une heure à une heure et demie, qui est restituée (brillamment, il faut le dire) en dix ou douze minutes. Ils vont donc s’appuyer sur une liste de critères concernant l’entreprise mais surtout les fondateurs, car à ce stade de développement précoce, c’est la variable de succès.
En effet, les idées initiales sont rarement celles qui arrivent au bout. Les produits et même les marchés changent quand les entrepreneurs sont assez compétents pour adapter et ajuster—c’est le fameux product-market fit, l’alignement entre une offre et son marché à force d’itération.
A cela s’ajoute un autre élément : la difficulté du parcours entrepreneurial. J’aurai l’occasion d’y revenir très rapidement dans un prochain article. Les investisseurs savent que seules les personnes qui ont leur mission chevillée au corps ont une chance de s’en sortir.
Les sacrifices personnels des entrepreneurs sont énormes. Ne devenez pas entrepreneurs si vous n’avez pas l’énergie de vous relever après vous être fait jeter par terre.
— Kevin O’Leary, Investisseur “Shark Tank” (la source ici)
Dans le questionnaire de candidature QVEMA, la question perso c’est “Comment a débuté votre histoire entrepreneuriale ? (Comment l'idée vous est venue ?)”.
Je recommande de prendre le temps de raconter l’histoire—qui, comme je le rappelle dans mes coachings de pitch et de levée de fonds, ne veut pas dire raconter des histoires.
L’objectif est triple :
Montrer qu’on sait expliquer quelque chose de long et parfois compliqué simplement, qualité pertinente dans la levée de fonds et encore plus à la TV
Démontrer l’alignement, le fit, entre les fondateurs et le projet porté. Quand on fait des ceintures à base de pneus de vélos dans des ateliers situés en France, comme La Vie Est Belt (passé en saison 1), il est important de démontrer que l’engagement est sincère
Rassurer sur le fait qu’il y a un marché. La première cause de mort des startups, c’est de fabriquer un produit dont personne ne veut. Il est donc crucial de rapidement démontrer le contraire. C’est ce que Youssef fait très bien dans la vidéo partagée plus haut
Pour aller plus loin, je recommande de lire attentivement mon article sur le storytelling de levée de fonds. J’y explique les ressorts d’une bonne histoire et illustre avec un exemple concret.


Les questions financières : Dur dur, mais à faire quand même
Pour terminer, je souhaite insister fortement sur la nécessité de remplir sérieusement les questions financières : chiffre d’affaires, marges, bénéfices, levées de fonds passées, demande de financement et usage prévu des fonds, etc.
Elles sont fondamentales pour nous aider à comprendre où en est la société, et surtout juger de l’adéquation de la demande de fonds et de la valorisation avec son stade de développement. La plupart des entrepreneurs demandent trop d’argent trop tôt, car ils ne savent pas comment un investisseur détermine le bon montant de levée.
Il faut donc être précis, demander à son comptable quand on n’est pas sûr ou qu’on ne maitrise pas les notions financières et comptables, et s’y mettre parce qu’une grande partie de l’échange avec les investisseurs sur le plateau va concerner ces points.
J’y reviendrai en détail, là encore, dans des articles ultérieurs.
Un dernier mot
Voilà, j’espère que ces conseils seront utiles. Passer dans Qui Veut Être Mon Associé, qui garantie désormais un succès commercial et de communication pour les entrepreneurs et leurs sociétés, demande un travail préparatoire non négligeable.
Je rappelle souvent aux candidats que ça reste modéré par rapport à une levée de fonds d’amorçage, qui requiert des mois de préparation et soixante à quatre-vingts rendez-vous pour éventuellement trouver, dans quelques pourcents des cas, un investisseurs !
Ultime recommandation : prenez du plaisir ! Ca se voit, et ça donne envie aux autres de vous rencontrer.
Toi aussi tu veux être coaché·e comme à QVEMA ? Ca se passe ici !
La Folie d’Entreprendre, c’est le site dédié à la psychologie des entrepreneurs et des investisseurs. Parles-en autour de toi, on te dira merci !